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Dans les secrets du corset | Histoire | Dessous féminis chics et sexy

Fashion

Cuirasse imposée ou accessoire coquin ? Depuis le moyen-âge, le corset souligne les formes féminines tout en les tenant à distance. Après une période de libération du corps, il refait surface : bustiers et guêpières font aujourd’hui partie de la séduction. Histoire d’un vêtement très ambigu.

Il contient les forts et soutient les faibles !

C’est ce que clamait la publicité d’un marchand de corset (ce terme apparaît en 1829) sur son catalogue. De fait, il permet aux maigres de paraître rondes et aux grosses de contenir leurs excès. Objet de maintien, le corset donne de la prestance, améliore la silhouette, augmente le pouvoir de séduction. En revanche, il contraint, interdit certains gestes, bloque la respiration, gène la digestion.
Ce symbole incontournable de l’époque victorienne a été l’objet le plus discuté de l’histoire du vêtement. Au maintien du corps répondait la rectitude de l’âme, mais induisait par son côté cuirasse intime un fétichisme « sado-maso ». De plus, à l’époque les femmes ne portent pas de culotte ! Les hommes attendent alors avec délices la chute (de cheval ou autre) de cette langouste femelle qui offre brusquement aux regards de délicates et blanches rondeurs.
Des origines antiques

On peut faire remonter son usage aux alentours de 1500 avant l’ère chrétienne, quand les femmes crétoises portent des bandes ou des anneaux de jonc qui étranglent la taille, tandis que les Grecques ceignent le « zona », bande de tissu serrée à la taille, les Egyptiennes des bandelettes, pour soutenir les seins.
Au Moyen-âge, les canons de la beauté prescrivent une taille haute, un buste menu. Au nourrisson dans ses bandelettes répond la fillette, puis la jeune fille dans son laçage de tissus, ou doublet, porté entre chemise et robe. 

Les « buscs » : armes ou objets coquins

Au XVe siècle, Isabeau de Bavière, femme de Charles VI, porte un « coche » italien, ou un « busc » français, du nom des lames de bois, renforts placés dans la doublure, tandis que l’Espagne invente le support de jupon conique ou « vertugadin », pour une silhouette stylisée en forme de X. Les admirateurs affichent sur le bras un lacet du corset de leur belle, et le busc, en ivoire, en corne, en fanon de baleine, est offert par les amoureux. Certains buscs sont gravés de fleurs… ou de vers coquins.
Catherine de Médicis, partisane des tailles de guêpe à la cour, introduit la mode italienne de la « busquine » ou du « corps », renforcé de métal. Parfois les lames sont en forme de dague et deviennent une arme… Vêtement symétrique de l’armure des hommes, devenue plus ornementale que militaire, c’est aussi une façon d’afficher richesse et rang social. La reine proposa aussi le caleçon, pour éviter de montrer ses fesses lors de chutes de cheval, mais il disparaît à la Réforme, jugé obscène et provoquant ! Il faudra attendre 1807 pour voir le retour du caleçon…
Henri III et ses mignons portent aussi le corset. Il emboîte la taille jusqu’aux seins. Si certains médecins, tel Ambroise Paré, sonnent l’alarme – « l’espoitrinement provoque le chevauchement des côtes » – le corset a un bel avenir devant lui.
Pour « pousser droit »

 

Musée de la Mode et du Textile. Collections UGAD-UFAC, Paris.
Au XVIIe siècle, apparaissent les baleines, plus souples que les « buscs » ou lames de bois. Ici, un « corps » baleiné en faille rose orné de fils dorés, avec pattes d’épaule, emmanchures et « tasseaux » bordés de gros grain jaune (fin XVIIe).

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il s’assouplit, car la taille descend. La taille est longue et fine sur des jupes bouffantes. L’usage des fanons de baleines, plus souples, provoque l’extermination des cétacés de certaines régions ! Le laçage se fait par devant ou par derrière, et le corset est garni d’épaulettes. Les lames sont amovibles, on les sort pour s’aérer ou pour en donner un coup sur l’amoureux trop pressant. Ainsi La Fontaine s’est « fait donner du busc sur les doigts » !

Madame de Maintenon préconise le « corps » dès la petite enfance, pour que les fillettes puissent pousser droit, dans tous les sens du terme. Cela les empêche de se « toucher » et les protège des désirs précoces. Il faut le mettre avant l’âge de 14 ans, sinon la taille est trop large ! A tel point qu’à l’adolescence, la jeune fille ne peut plus s’asseoir toute seule ou rester debout longtemps sans l’aide du corset… Ce corset à baleine peut aussi s’ouvrir par devant, à l’usage des nourrices.
Mais on va toujours « cul nu » : Louis XV n’autorise le caleçon que pour les danseuses.
Notons que, depuis 1765, la fabrication des corsets est un privilège masculin.

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Histoire de la culotte

• Les femmes ont les fesses à l’air pratiquement jusqu’au XIXe siècle, qui voit apparaître le pantalon ou culotte fendue, tandis que le caleçon est autorisé pour faire du cheval.

• Sous le Consulat, le pantalon est interdit en public, avant de revenir en force sous le Second Empire, devenu symbole de décence. Ce « tuyau de modestie » ne sera cousu qu’à la fin du siècle.

• La guerre de 14, les femmes au travail, l’hygiène, font enfin se généraliser la culotte, encore appelée slip de l’anglais « glisser ».

• Le string fait son apparition en 1970.

La liberté retrouvée ?

La Révolution envoie par-dessus les lanternes les accessoires de l’Ancien régime. On assiste à un retour à l’antique des formes drapées naturelles, on troque les corps étranglés contre des jupons et des brassières. Rousseau le naturaliste est contre les corsets. Quant à Napoléon, il voyait dans le corset « l’assassinat de la race humaine » !
Il revient néanmoins au Directoire, plus court et plus discret.
Et le triomphe du corset victorien

C’est la période entre 1820 et 1910 qui voit le triomphe du corset victorien, référence absolue en la matière. Cela permettait de garder la même silhouette trompeuse pendant des années, à savoir une poitrine haut placée, des hanches bien rondes et au milieu une taille si fine qu’elle doit tenir dans les mains. Femme-enfant, sexuelle et virginale, interdite d’évènements excitants, le corset serré la protège des désirs soudains car il est long à enlever, mais lui donne en même temps des symptômes associés à l’émoi sexuel : respiration haletante, poitrine qui monte et descend, pâleur ou rougeur, maux de tête. C’est le port du corset qui jette les femmes sur les sofas, en des évanouissements soudains. Mais relâcher le corset relâche aussi la moralité…

Plus on monte dans la société, plus le vêtement se complique et se sophistique. Une lady ne fait pas le ménage, elle a des bonnes. Elle ne fait pas non plus de sport, est souvent enceinte et se sent donc bien molle… Certaines femmes riches se font même ôter les côtes flottantes pour gagner quelques centimètres de taille. Il était courant de voir des tours de taille de 45 à 50 centimètres, voire moins !
Avec ses bottines, ses tournures (faux-culs) et ses jupons, jamais le corps ne fut plus caché, enveloppé, et de ce fait, érotisé.

Objet intime, c’est un accessoire des bordels : les prostituées sont présentées au client en corset. Scarlett O’Hara serre son corset le plus possible après son accouchement, pour effacer les outrages de la nature. Emma Bovary délaçe son corset dans la chambre de son amant.
XIXe : une mine d’inventions

Côté technique, les inventions et brevets vont se multiplier. Un médecin invente l’œillet métallique en 1830 : on peut serrer sans abîmer le tissu, et faire porter la pression sur l’ensemble, et on peut facilement desserrer le corset.
Avec la production des renforts en acier, pour le plus gr and bien des baleines, le corset s’allonge ; et les lacets élastiques sont inventés en 1842.
A la fin du siècle, le corset s’ouvre par devant au moyen de crochets, et par derrière par des lacets.
Mais les baleines pouvaient aussi blesser, surtout si elles étaient en métal ordinaire. Le corset en effet se démocratise : il n’en coûtait environ qu’une 1 £ en 1900. Dans les années 1860, il se vend à paris un million de corsets par an !
Bientôt on vit apparaître des baleines en bon acier, avec des fermetures élastiques, puis des baleines courbées pour donner à l’ensemble une forme de poire, faites parfois en os d’oiseau : les vraies baleines sont devenues difficiles à obtenir.
Les médecins protestent

Les médecins continuent de vouer le corset aux gémonies : il provoquerait tuberculose, cancer de la poitrine, chevauchement de côtes, déformation du squelette, voire des organes internes. Les moralistes pensent que le corset empêche les femmes d’avoir des enfants et de faire le ménage, tandis que d’autres estiment qu’il garde dignement les femmes à la maison.
Il existe des corsets spéciaux pour femme enceinte : une fois le ventre trop apparent, la femme disparaît de la vie sociale, donc elle retarde cette mise à l’écart. Un corset très serré pouvait ainsi induire astucieusement un avortement ou cacher longtemps une grossesse honteuse…
Le corset « hygiénique », élastique, apparaît vers 1860, bientôt doté de jarretières pour attacher les bas. En 1875, apparaît le corset sans armature, en 1893 un « soutien-poitrine » avec des bonnets séparées et des lanières qui passaient sur les épaules, fermé par des crochets. On s’approche du soutien-gorge !

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1re guerre mondiale : la fin du corset

La première guerre mondiale porte un coup fatal au marché du corset : en 1917, les militaires américains demandent aux femmes de cesser d’en acheter, l’industrie ayant besoin de fer ! Cela leur procura quelque 28 000 tonnes de ce précieux métal.
De plus, les femmes se mettent au sport (tennis, bicyclette). Le corset devient plus souple, avec élastiques, rubans et baleines amovibles. On fabrique des corsets courts, portés avec le tout nouveau soutien-gorge.

Un marchand de ce nouveau type de corset dénonce en 1900 « le cri poignant des organes révoltés contre le cruel étau de la femme contemporaine »…

En 1910, Paul Poiret met à la mode la ligne droite, on desserre la taille. Les femmes travaillent, elles ont besoin de vêtements confortables. En 1930, apparaît la gaine élastique. Les femmes se font couper les cheveux à la garçonne. Les moralistes moralisent, en vain cette fois, contre le sport qui fait des femmes des « crypto- lesbiennes » et empêche aussi la fertilité : la source du danger a changé, mais pas la vision masculine des femmes, qui doivent rester des petites choses fragiles à la maison !
Dior invente le new-look et les justaucorps. Les soutiens-gorge et sous-vêtements serrés se maintiennent jusqu’au milieu des années 60.

Histoire du soutien-gorge

• Hermine Cadolle, communarde et féministe, invente le « Bien-être » en 1899, avec bonnets séparés, appelé corselet-gorge.

• Un premier brevet est déposé à New York par Mary Phelps Jacob en 1913, après qu’elle eut renoncé à une robe du soir sous laquelle les baleines de son corset étaient trop apparentes. Les demandes de ses amies furent si nombreuses qu’elle déposa son brevet sous le nom de « brassiere », communément appelé « bra » en Anglais. Elle le vendit aux Warner Brothers pour 1 500 $, qui gagnèrent ainsi 15 millions de dollars en trente ans !

• En 1928 Ida Rosenthal, une immigrante russe crée, en Amérique, son entreprise et formalisa les différentes tailles de bonnet, repris par Warner en 1938.

• Le Wonderbra, inventé en 1963 par une Canadienne, est relancé en 1994.

68 : le soutien-gorge aux orties

La révolution sexuelle de 1968, de Paris à New York, jette les soutiens-gorge par-dessus les moulins, appelés instruments de torture féminine, avec les talons hauts, les recourbeurs de cils, les permanentes, les gaines et autre porte-jarretelles. Liberté ! Vive la nature ! La femme devient actrice de sa propre sexualité. Courte période, les objets ont la vie dure.

Au corset obligatoire va répondre le corset choisi, pour des raisons de mode et de séduction.
Dans les années 70, avec des stylistes comme Chantal Thomas, puis Jean-Paul Gaultier, le corset, revisité, opère un retour, dans le sens d’une séduction accessoirisée, ainsi la tenue de mariée de Madonna qui l’affichait en tant que vêtement à part entière. Des pages entières de catalogue sont présentées sur l’Internet. Christian Lacroix, Mugler, créent des corsets féériques. La mode est au gothique esthétisant.

Ironie du sort, on porte aujourd’hui des « corsets invisibles », selon l’expression d’une sociologue américaine : ce sont les régimes drastiques, les liposuccions, les implants mammaires et autres instruments de la beauté obligatoire et du ventre plat. Finalement, il faut toujours avoir des gros seins, des hanches fines, des muscles toniques, au risque d’anorexie. Heureusement il y a le Wonderbra (et même des wonder-culottes) !

Du coche à la busquine, le corset se fait maintenant bustier, guêpière ou body.
A vos lacets !

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Pour en savoir plus

• F. Libron et H. Clouzot. Le corset dans l’art et les mœurs du XIIIe au XXe siècles. Paris, 1933.
• F. d’Harcourt. Histoire des choses : les habits, Ed du Seuil, 2001.
• V. Steele. Se vêtir au XXe siècle. Ed Adam Biro, 1998.
• G. Lafosse Dauvergne. Mode et fétichisme. Ed Alternatives, 2002.
• B. Fontanel. Corset et soutien-gorge. Ed de la Martinière, 1997.

Les dessous Marie Simon
Editions du Chêne, Collection Les carnets de la mode

Ce beau livre raconte en images l’histoire ancienne de nos dessous, des corsets, paniers et autres faux-culs, jusqu’à la culotte et l’arrivée du soutien-gorge, mais aussi l’usage des matières, chanvre, puis laine, coton, soie, stretch, la place des dessous sages et des dessous chic qui se donnent en spectacle dans les cabarets, au cinéma… et la mode qui les remet au goût du jour.

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