INTERVIEW. "C'est un vrai casse-tête de déceler le THC provenant du CBD ou du cannabis", selon une pharmacologue toulousaine

Quels sont les effets de la consommation de CBD sur le cerveau ?

Même si le cannabidiol (CBD) est réputé comme étant non « psychoactif », cette substance agit directement sur le système nerveux central. Son mécanisme d’action est proche de celui de certains médicaments psychotropes utilisés dans l’anxiété , et il présente un effet sédatif proportionnel à la quantité consommée, et variable selon les personnes. Comme pour toutes substances, tout dépend de la quantité ingérée et de la concentration du produit consommé. Malheureusement, à ce jour, il reste difficile d’établir clairement l’ensemble des effets du CBD sur le cerveau. La recommandation logique serait de dire qu’à partir du principe où le CBD engendre une somnolence, il est incompatible avec la conduite automobile.

Comment peut-on expliquer qu’un consommateur de CBD soit positif à un test salivaire pratiqué par les forces de l’ordre?

En réalité, la substance cannabidiol n’est pas détectée par les tests salivaires, dont l’objectif est d’identifier la présence ou non d’une exposition au tétrahydrocannabinol (THC), substance issue du cannabis et responsable des effets psychoactifs. Ainsi, si une personne a consommé du CBD dans lequel il reste des traces de THC, alors le test salivaire sera positif, car les seuils de détection sont très faibles. Compte tenu de la possibilité d’utiliser des produits issus de cannabis contenant moins de 0,3 % de THC (y compris fleurs et feuilles), il est possible de positiver un test salivaire avec du CBD présenté comme pur (alors qu’il contient des traces de THC). Dans cette situation, le THC est considéré comme un stupéfiant, donc interdit, et il est impossible de déterminer s’il s’agit de la consommation de cannabis (illicite) ou de CBD à moins de 0,3% de THC (autorisé).. Même problème d’ailleurs concernant la prise de sang. Un consommateur régulier de cannabis ou de CBD va présenter du THC dans le sang, cela peut rester des jours voire des semaines selon la physiologie de la personne, la quantité consommée et le niveau de concentration en THC.

La science a-t-elle donné des éléments comme pour l’alcool afin de déterminer un taux limite empêchant la conduite ?

Ce qui est certain c’est que les molécules présentes dans le cannabis (THC et CBD)ou le CBD lui-même entraînent une somnolence et donc altèrent la conduite automobile. À ce jour, aucune étude ne permet de donner un taux limite de consommation de cannabis contrairement à l’alcool. Nous savons que tant de verres équivalent à tant de grammes dans le sang, on ne peut pas faire la même chose pour le cannabidiol. On peut présenter un test positif au THC sans pour autant en avoir encore les effets. C’est un véritable casse-tête et c’est en partie ce qui explique l’absence de taux limite. Aujourd’hui soit on est positif soit on ne l’est pas.