Depuis bientôt deux ans, Cédric Bougeard élève des moutons à Caulnes, dans les Côtes d’Armor, en plein centre de la Bretagne. Ses bêtes sont commercialisées sous label rouge agneau de Brocéliande ou sous la marque agneau celte, via la coopérative Ter’élevage (filiale de Terrena). Sa particularité : il s’est installé sur un élevage de vaches laitières. Il a, donc, dû adapter les bâtiments à la production ovine.

De nombreux aménagements ont été réalisés pour les ovins à l’intérieur de l’étable. © I. Lejas

« J’ai eu le déclic pour m’installer quand j’ai vu que l’exploitation laitière de mon oncle ne serait pas reprise. Seules les terres intéressaient des candidats », raconte l’éleveur de 37 ans. Si ses parents ne sont pas agriculteurs, Cédric a passé sa jeunesse sur cette ferme, appartenant à l’origine à ses grands-parents. Titulaire d’un BEP mécanique option motocycles et d’un BEP parcs et jardins, il a essentiellement travaillé sur des plateformes logistiques (préparateur de commandes, cariste…).

Un choix de vie

En 2018, il se décide à reprendre une formation adulte en BPREA, puis à suivre le parcours à l’installation (3P) en réalisant des stages chez des éleveurs ovins. Son projet est lancé, et il sait qu’il ne veut pas poursuivre la production laitière. « Trop contraignant en termes d’astreinte avec la traite du matin et du soir », confie le papa de deux enfants en bas âge dont l’épouse travaille à l’extérieur. « J’ai choisi l’agneau plutôt que des bovins viande car les rentrées d’argent sont plus rapides », justifie-t-il. Pour assurer un débouché à ses animaux, l’éleveur s’est engagé avec la coopérative Ter’élevage. Depuis quelques années, le mouton connaît une nouvelle dynamique en Bretagne, portée par la demande d’agneaux locaux de qualité et favorisée par une baisse des importations néo-zélandaises.

L’ancienne stabulation des vaches laitières a été transformée en bergerie. © I. Lejas

L’étable convertieen bergerie

Avant son installation en décembre 2019, son oncle a commencé à faire partir les vaches et a acheté 150 brebis qu’il lui a cédées à la reprise. Une nouvelle troupe de 150 agnelles de race romane est venue rejoindre le troupeau en mars 2020. Le cheptel est toujours en cours d’évolution avec l’arrivée de 65 mères suffolk au 15 septembre 2021, l’objectif étant de monter progressivement à 400 brebis. Les bâtiments se prêtaient à l’élevage ovin. « La stabulation des laitières et le hangar à génisses étaient sur aire paillée. Les aménagements étaient possibles assez facilement », précise Cédric. Dans le premier bâtiment, il a remplacé les cornadis par une barre au garrot, posé des barrières et refait un couloir d’alimentation avec cornadis de l’autre côté. La nouvelle bergerie comprend 200 places et dispose également de cases d’agnelage. Une autre partie des mères et des agnelles sont hébergées dans l’ancien hangar à génisses (120 places). Des travaux sont en cours pour créer un couloir d’alimentation. L’ancienne étable est, quant à elle, occupée par les agneaux en engraissement (300 places).

Les brebis sont conduites en deux lots selon leur période d’agnelage. Une troupe de race suffolk, plus conformée, fait un agnelage par an (de novembre à janvier) et l’autre troupe de race romane, plus prolifique, fait trois agnelages en deux ans (décembre, septembre et janvier). « L’objectif est d’avoir de la production toute l’année et surtout aux périodes de Pâques et de Noël. »

Évolution du cheptel

Depuis avril 2020, le producteur commercialise une partie de ses animaux sous label rouge (lire l’encadré ci-dessous). « C’est sécurisant car le prix est garanti sur l’année. Le différentiel est presque de 10 € entre un agneau sous label et un agneau standard. L’an passé, j’avais presque un an d’avance sur mon chiffre d’affaires de ventes d’agneaux par rapport à mon prévisionnel. » L’éleveur est plutôt optimiste pour 2021 avec des cours qui se tiennent depuis le début de l’année autour de 6,60 €/kg (standard) et à 7,10 €/kg en label (en R3).

L’agriculteur va poursuivre le développement de son cheptel pour monter à 400 mères tout en conservant une autonomie fourragère. Au bout de cinq ans d’installation, il devrait produire 800 agneaux par an. Une fois les ouvrages en cours terminés, il prévoit d’agrandir la stabulation afin de ramasser tous les animaux en hiver compte tenu de l’évolution du cheptel.

Isabelle Lejas